GéoPôles

Géopôles n°26 : Le Liban sur un volcan

Publiée le 12/11/2019
Comme en France, une taxe de trop a fait descendre des centaines de milliers de Libanais dans la rue avec la volonté ferme de renverser le gouvernement. Son retrait n’y a rien changé, le vase n’a pas débordé, il a explosé. Depuis quelques années, les Libanais sont devenus la vache à lait servant à combler le déficit budgétaire chronique des différents gouvernements et surtout à réduire la dette abyssale de l’Etat qui depuis un an commence à mettre en danger la stabilité de la monnaie créant par là même une panique et une paralysie de l’économie aggravant encore plus la situation. La fiscalité réduite n’était pas un cadeau fait aux citoyens libanais. Ils payaient peu de taxes et d’impôts mais n’avaient et n’ont toujours pratiquement aucun service public. L’Etat ne dépense presque rien pour l’éducation nationale, et encore moins pour la santé (toutes deux presque entièrement assurées par le secteur privé). Le salaire des fonctionnaires ne justifiant en aucun cas un tel déficit, l'argent est en grande partie détourné par les gouvernants et dépensé dans la reconstruction des destructions provoquées par des guerres commandées par les puissances régionales comme l'Iran et exécutée unilatéralement par une milice telle que le Hezbollah. Attendant une aide financière internationale sous condition de réformes économiques, le gouvernement a cru bon d’augmenter les taxes et d’en inventer de nouvelles abracadabrantes comme celle qui a mis le feu aux poudres. La crise économique, l’augmentation de la TVA, le risque de dévaluation, l’inflation galopante avaient déjà vidé le portefeuille des Libanais et les avaient mis dans une situation précaire et angoissante. Le Hezbollah et ses alliés (le CPL chrétien de Michel Aoun) sont dépassés par l’ampleur de la contestation dont ils sont la cible, pour la première fois, par leurs propres partisans (Inédit : des chiites ont osé attaquer des permanences du Hezbollah). Après les menaces lancées aux manifestants leur demandant de rentrer chez eux, des miliciens chiites sont même aller jusqu'à les bastonner dans la rue. Richard Haddad reçoit Maya Khadra, journaliste libanaise et professeur à l'IPAG à Paris, pour analyser cette crise sans précédant et nous éclairer sur ses conséquences politiques et les changements qu'elle pourrait provoquer au Liban et dans la région.

Géopôles - Liban : implosion du système multi-confessionnel

Publiée le 13/04/2023

Le Liban vit une crise économique et financière sans précédent depuis trois ans, à cela s’est ajouté une crise politique et l’effritement de l’Etat et des institutions. Le mandat du dernier président s’est achevé après les élections législatives qui ont donné une majorité à l’opposition l’année dernière. Le Hezbollah et ses alliés n’admettent pas l’élection d’un président issu du camp adverse qui exigerait leur désarmement. Ils bloquent donc l’élection en provoquant un défaut de quorum (deux tiers des députés présents lors du vote) au Parlement. Quand ils sont dans l’incapacité d’imposer un chrétien qui leur obéit à la tête de l’Etat, ils bloquent les institutions.
Aucune réforme économique n’a été faite, aucune loi n’a été votée et les aides du FMI ne peuvent être accordées sans cela. Le pays et sans président depuis cinq mois et sans vrai gouvernement depuis plus de deux ans. Ceux qui bloquent les institutions n’en ont que faire. Le Hezbollah, en plus de posséder une puissante milice armée, a créé en toute illégalité sa banque (qui échappe à la Banque Centrale), ses institutions, son système de santé… L’effondrement de l’Etat est son but, il veut construire un nouveau Liban à son image.
Richard Haddad reçoit Antony Khoury, avocat franco-libanais et responsable du bureau des Jeunes Forces Libanaises en France (parti politique le plus représentatif des chrétiens du Liban), ainsi que Marc Mercoss, étudiant libanais en droit à la Sorbonne et coordinateur des oppositions libanaises. Hommes de terrain et militants politiques, leur éclairage sur la situation politique libanaise est précieux et nous éclaire sur la faillite du modèle multi-confessionnel et multi-culturel dont on nous vante les mérites en France avant de nous l’imposer.