La lâcheté systémique
L’affaire avait à l’époque fait grand bruit. Effet Paty oblige. Pour recontextualiser, fin 2020, le professeur d’allemand Klaus Kinzler a échangé des mails avec une prof d’histoire à propos d’une journée de débats intitulée « Racisme, antisémitisme et islamophobie » organisée à l’IEP. Le terme « islamophobie » pose problème à ce professeur de civilisation allemande, car pour lui, il ne repose sur aucune certitude scientifique. Selon France Inter, que l’on sait objectif sur les questions d’islamogauchisme, il aurait déclaré sur son blog ne pas beaucoup aimer l’Islam et que cette religion lui faisait peur comme beaucoup de Français. Il faut noter qu’il aurait présenté ses excuses, reconnaissant « s’être emporté ». Mais la rumeur était lancée dans l’IEP isérois.
En mars 2021, l’affaire explose lorsqu’une poignée d’élèves de l’IEP affichent son nom et celui d’une de ses collègues dénonçant leur islamophobie. « Des fascistes dans nos amphis. L’islamophobie tue. » pouvait-on lire. Passons sur le fait qu’on se demande encore qui l’islamophobie a tué en France, restons sur les faits. Suite à cette vindicte publique, l’IEP avait annoncé condamner cette action. Le parquet avait ouvert une enquête pour injure et Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche avait elle aussi dénoncé cette pression.
Là où cela coince, c’est que la directrice de l’IEP avait ordonné à cinq reprises à son collègue de n’accepter aucune sollicitation médiatique. Kinzler, soucieux de rétablir la vérité, a au contraire multiplié les interventions médiatiques. Avec un certain courage et à l’instar de Didier Lemaire, il a agi comme un lanceur d’alerte dénonçant la complicité passive de sa hiérarchie. Entre-temps, on a appris qu’aucun élève de l’établissement n’a fait l’objet de sanctions suite à cette action visant nominativement le professeur. Le 14 décembre, Kinzler est mis à pied par l’Institut.
Une affaire comme celle-ci est devenue tristement banale. Un professeur menacé par ses élèves et harcelé par sa hiérarchie est hélas monnaie courante. Preuve du sectarisme gauchiste qui domine l’université depuis plusieurs décennies. Un sectarisme qui n’a jamais souffert de la moindre contestation, une machine à broyer l’humain sans que jamais la droite ne trouve à redire. Une droite qui avait d’ailleurs aggravé ce processus en accordant à ces établissements une autonomie complète, une décision actée par celle qui fut ministre de l’Enseignement supérieur, une certaine Valérie Pécresse…
Or, pour une fois, la droite n’a pas baissé la tête. « Sciences Po Grenoble est depuis trop longtemps dans une dérive idéologique et communautariste inacceptable », a réagi le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez. « Ce n’est pas ma conception de la République : la région Auvergne-Rhône-Alpes suspend donc tout financement et toute coopération avec l’établissement. » Il s’agit tout de même de 100 000 euros. Une décision minimale, presque anecdotique, mais qui fait partie de ces signaux faibles annonçant au moins le retour d’une droite de droite, sinon courageuse. Le signal envoyé par Wauquiez et salué par Marine Le Pen peut au moins nous faire dire que le temps de la soumission est révolu. Souhaitons que ces exemples se multiplient.