Paris Craque
Ne leur parlez pas de « salles de shoot » ou même de « salles de consommation à moindre risque » (SCMR) – c’est pourtant la dénomination officielle de la structure gérée à Paris : pour Anne Hidalgo, maire de Paris, l’usage de ces expressions a « fait prendre beaucoup de retard à notre pays ». En effet, elle a écrit au Premier ministre Jean Castex afin que l’expérience soit pérennisée. Réponse du berger à la bergère, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a répondu favorablement à cette demande. Alors qu’Anne Hidalgo se plaît à taper sur le gouvernement, en matière de drogue LREM et le PS font curieusement cause commune. L’existence d’un logiciel idéologique commun entre frères ennemis ? Car il y a toute une littérature « publique » qui plaide pour ces structures. Le bilan des « salles de shoot » est officiellement considéré comme « positif » à Paris. Les autorités publiques s’appuient ainsi sur un rapport de l’Inserm qui a même réclamé « une mise à l’échelle nationale » de ces dispositifs. Rien de moins ! Pour cet organisme public spécialisé dans la recherche médicale, les atouts seraient multiples : baisse des infections au VIH et au virus de l’hépatite C, diminution des passages aux urgences, mais aussi des seringues abandonnées dans l’espace public. Un tableau d’autant plus idyllique que l’Inserm estime que « l’évaluation ne met pas en évidence de détérioration de la tranquillité publique liée à l’implantation de salles ». A Paris, les riverains apprécieront…
Des riverains excédésSource : Twitter
Pourtant, le son de cloche est différent de la part des riverains de l’hôpital Lariboisière. Ils se plaignent de l’affluence quotidienne de 400 usagers, qui viendraient de banlieue ou même de province. Le site Lariboisière est à proximité d’habitations, de commerces et d’écoles. Ainsi, vu les dégradations, les habitants doivent même réfléchir à un quatrième dispositif (!) pour consolider leurs portes d’entrées… Les drogués pullulent. Ces griefs ne sont pas nouveaux. En 2017, un an après l’ouverture officielle de la « salle de shoot » de Lariboisière, un collectif d’habitants avait déjà constaté une « recrudescence de deal, de consommation dans la rue, de bruits récurrents, voire de prostitution ». Depuis, cela ne s’est pas arrangé. Pire : c’est au tour du crack de faire son entrée dans les quartiers nord de Paris au point que, excédés par cet afflux de drogués, certains habitants sont même passés à l’acte en attaquant au mortier des consommateurs le 1er mai dernier… Quant à la ville de Paris, elle réclame cette fois-ci au gouvernement la création de salles pour l’inhalation du crack. Anne Souyris, adjointe au maire de Paris chargée de la santé publique, a ainsi demandé la mise en place de ce type de salle. Mais elle se heurte à l’Etat. Car si l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France s’y déclare favorable, le procureur de Paris et la préfecture de police restent hostiles à ces structures. Tiendront-ils dans leur refus malgré l’avis favorable de Véran ?
Présent