Rien ne va plus pour Agnès Buzyn. Alors que le second tour des élections municipales a été fixé au 28 juin, la candidate à la mairie de Paris est plus que jamais fragilisée après la révélation d’un certain nombre de casseroles. Le point sur la situation de l’ancien ministre de la Santé.
Après avoir fui le monde politique au lendemain du premier tour des élections municipales le 15 mars dernier, la candidate de la majorité à la mairie de Paris voit se profiler un second tour qui pourrait devenir un long calvaire. En effet, après deux mois passés loin de la campagne électorale, l’ancien ministre de la Santé a bien du mal à se remettre en selle. Ce mardi, alors qu’elle devait réunir par visioconférence ses têtes de liste avant une seconde réunion avec son équipe de campagne pour faire le point sur la suite des événements, Agnès Buzyn a tout simplement annulé le rendez-vous sans explications relançant les rumeurs d’un retrait de la course à la mairie de Paris.
Il faut dire que les deux mois de confinement n’ont pas été de tout repos pour l’ancien ministre de la Santé. En effet, Agnès Buzyn a tout simplement vécu une réelle descente aux enfers passant du statut de figure providentielle des municipales à Paris à celui de paria.
En cause notamment: sa déclaration assassine quelques jours après le premier tour. Dans une interview accordée au Monde le 17 mars dernier, elle a assuré avoir alerté le gouvernement, dès le mois de janvier, de l'ampleur de la crise sanitaire à venir appelant par la même occasion au report du premier tour des élections.
Cette sortie médiatique a fait grincer des dents au sein de la majorité. Le premier ministre, Edouard Philippe, ne lui aurait d’ailleurs pas pardonné et Emmanuel Macron aurait piqué une colère noire.
De quoi placer Agnès Buzyn dans une position délicate vis-à-vis de ses rares soutiens et les nombreuses révélations qui ont suivi n’ont pas arrangé son cas. Par la suite, les casseroles à son encontre se sont accumulées remettant en cause son implication dans la crise du coronavirus. La candidate à la mairie de Paris et son époux, Yves Lévy, patron de l'Inserm de 2014 à 2018, auraient tout fait pour garder sous le boisseau les bienfaits supposés de la chloroquine jusqu’à classer l'hydroxychloroquine parmi les substances vénéneuses en janvier dernier. Le tout en raison d'un prétendu conflit de longue date opposant Yves Lévy au Pr Didier Raoult. Et pour cause, l’infectiologue a été l’un des premiers à dénoncer un possible conflit d’intérêts entre l’Inserm et le ministère de la santé.
Pire, alors qu’elle était encore ministre de la Santé, Agnès Buzyn avait affirmé que le port du masque n’était pas nécessaire, le risque d’épidémie étant jugé quasi-nul en France, selons ses propres dires.
Une affirmation se voulant rassurante pour camoufler une véritable pénurie. Là encore, Agnès Buzyn ne serait pas exempte de tout reproche. En effet, l’Agence Santé publique France a reconnu avoir alerté sur l'état des stocks dans une note adressée en 2018 au directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. Une note réclamée... par le ministère de la Santé lui-même. En 2019, un collège d'experts recommandait quant à lui de stocker un milliard de masques en prévision d'une pandémie. Ainsi, le ministère piloté par Agnès Buzyn était au courant de la faiblesse des stocks de masques dont un très grand nombre était périmé.
Un sacré bagage, donc, pour celle qui est désormais mise au banc des accusés.
Tibault Bastide