La mobilisation syndicale contre la réforme des retraites a rassemblé des centaines de milliers de personnes dans les rues jeudi. A Paris comme ailleurs en France, les opposants au gouvernement étaient en nombre.
Regain de mobilisation contre la réforme des retraites
Pour cette quatrième grande manifestation interprofessionnelle, ils étaient 350.000 manifestants à défiler à Paris de la Place de la République jusqu'à la Place Saint Augustin. 57.000 selon le ministère de l'intérieur. Une manifestation réussie malgré des tensions assez vives entre manifestants et forces de police.
Après 36 jours de grèves, les manifestants ont une nouvelle fois battu le pavé en affirmant leur détermination. Dans la foule, de plus en plus de professions étaient représentées. A noter également la présence massive de lycéens et d’étudiants. Des manifestants de tout genre portant les mêmes revendications qu’au début du mouvement. Pour autant, on distinguait jeudi une véritable intransigeance dans les mots d'ordre, on ne lâche rien jusqu'au retrait. Si beaucoup en appellent à un référendum pour sortir de la crise, d'autres, au contraire, vont bien au-delà de la réforme des retraites et veulent purement et simplement la fin du régime Macron.
Si la grande majorité de la manifestation était composée des cortèges représentants les différents syndicats, un cortège imposant et bien distinct s'est très vite formé en tête de manifestation. L'ambiance y était différente. En effet, le cortège était principalement mené par des Gilets Jaunes qui n'hésitent pas à critiquer ouvertement les syndicats qu'ils considèrent comme opportunistes et égoïstes. Une tête de manifestation hors cadre et prête à en découdre. Vers 17h, elle sera isolée du reste de la manifestation par les forces de l'ordre, provoquant dans la foulée de violents affrontements. Encerclés, les manifestants n'ont pas hésité à aller au contact avec les CRS. Pendant deux longues heures, les deux camps se sont affrontés avec violence au rythme des charges policières et des grenades lacrymogènes. Pendant ce temps, les Blacks Blocs en ont profité pour casser vitrines de magasin et abribus se trouvant sur leur chemin. Une rue menant à la Place saint Augustin a été mise à sac.
On compte une vingtaine de policiers blessés et le même nombre chez les manifestants. Les forces de l'ordre ont eu du mal à contenir ces militants radicaux plus fortement mobilisés que d'habitude mais finalement en début de soirée la situation a fini par se calmer. Le reste de la manifestation a pu terminer le parcours dans une ambiance relativement calme avant de se disperser. Au regard de la forte mobilisation et de la détermination affirmée par les grévistes et les manifestants, l'année 2020 semble belle et bien s’annoncer difficile pour le gouvernement.
Des violences en province également
Et ailleurs en France, la journée n'a pas été de tout repos. Des violences ont notamment émaillé les différents cortèges. Si la manifestation parisienne a donné lieu à de nombreuses tensions entre les policiers et les grévistes, le tableau était semblable partout ailleurs en France. Selon la CGT, ils étaient 1,2 million dans la rue et 452.000 selon le ministère de l'Intérieur. Des chiffres en baisse par rapport au 17 décembre où le syndicat avait dénombre 1,8 millions de personnes et 615.000 selon la Place Beauvau.
Malgré un bilan en deçà de la précédente mobilisation, la manifestation de jeudi a néanmoins eu l'effet escompté, à savoir montrer au gouvernement que les grévistes étaient toujours sur le pont après plus d'un mois de contestation. Dans le détail, les principaux bastions de la contestation ont une nouvelle fois répondu présents avec des confrontations parfois violentes.
A Lille, où 15.000 manifestants s'étaient réunis selon la CGT, 6.000 selon la police, des manifestants, dont un certain nombre de militants autonomes d'extrême-gauche ont jeté des projectiles sur les policiers, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes.
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De nombreuses vitrines et panneaux publicitaires ont été par ailleurs dégradées. A Bordeaux, la gare Saint-Jean a été occupée une partie de l'après-midi par des manifestants, interrompant le trafic ferroviaire, avant l'intervention des forces de police.
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Même constat à Toulouse où 120.000 personnes selon la CGT ont défilé. Un groupe de manifestants a réussi à pénétrer dans le hall de la gare Matabiau et à s'approcher des quais avant que la police ne fasse usage de gaz lacrymogène et interpelle trois manifestants.
A Marseille ou encore à Lyon, la mobilisation a, elle aussi, été suivie. Dans la cité phocéenne, la CGT a vu grand dénombrant 220.000 manifestants dans le cortège contre seulement 25.000 selon la police. A Lyon, le bilan est plus faible… seulement 11.000 selon la police et 27.000 selon la CGT.
Des manifestations se sont également tenues en Outre-Mer et notamment en martinique où entre 1.500 et 5.000 personnes ont défilé contre la réforme des retraites.
Mais c'est bien à Rouen que les images ont fait le plus réagir. Un manifestant de 61 ans aurait été matraqué à la tête par les forces de l’ordre.
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Selon la Direction Départementale de la Sécurité Publique, cette scène se serait déroulée à la suite de l'interpellation «d’un individu à visage dissimulé qui avait commis des dégradations sur le parcours de la manifestation».
Ces scènes plus ou moins violentes ont donc émaillé l'intégralité de cette 4ème journée de mobilisation interprofessionnelle. Alors que l’épreuve de force se poursuite entre le gouvernement et les opposants à la réforme des retraites, les syndicats contestataires entend bien enfoncer le clou dans les prochains jours. En effet, l’intersyndicale formée par la CGT, FO, la CFE-CGC, FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse ont appelé à de nouvelles actions les 14, 15 et 16 janvier prochains. Des manifestations qui dépendront certainement de la réussite de celle de samedi...
Ce sujet sera abordé lors du JT de TV Libertés de ce soir