Une Espagne amèrement divisée se rend aux urnes ce dimanche pour sa deuxième élection parlementaire organisée en un peu plus de six mois, ce qui risque d'aboutir à un parlement encore plus fragmenté, sans victoire nette mais avec des résultats importants pour le parti nationaliste Vox, crédité de 14% des voix
dans les sondages.
L'Espagne peine à mettre en place des gouvernements stables depuis 2015, date à laquelle de nouveaux partis sont sortis de la crise financière après des décennies d'oscillation entre les socialistes et les conservateurs du Parti populaire (PP).
Le Premier ministre par intérim, Pedro Sanchez, a convoqué cette élection - la quatrième en quatre ans - après que son parti socialiste a remporté un scrutin en avril, mais sans réussir à former un gouvernement, et pariant sur le fait qu'un nouveau vote lui renforcerait la main.
"Il n'y a que deux options : soit voter pour les socialistes afin que nous ayons un gouvernement, soit voter pour n'importe quel autre parti pour empêcher l'Espagne d'obtenir un gouvernement progressiste ", a déclaré M. Sanchez lors d'un meeting de clôture à Barcelone, vendredi.
Les sondages d'opinion donnent les socialistes en tête, mais ceux-ci risquent de remporter un peu moins de sièges qu'en avril, tandis que le PP sortirait renforcé du scrutin et le parti nationaliste Vox pourrait devenir le troisième parti d'Espagne, quelques mois seulement après avoir remporté ses premiers sièges parlementaires.
La Catalogne au centre des débats
Les violentes manifestations du mois dernier dans la région agitée du nord-est de la Catalogne ont éclipsé la campagne, donnant un coup de fouet à la droite, et en particulier à Vox et au PP, dont la rhétorique farouchement anti-séparatiste a touché une corde sensible auprès de nombreux électeurs.
Lucia Rodríguez-Jurado, une étudiante de 18 ans, déclare qu'elle avait l'intention de voter pour Vox parce qu'elle le considérait comme le seul parti qui puisse défendre la souveraineté nationale : "Nous voulons simplement que le problème en Catalogne prenne fin et que l'unité nationale soit rétablie", déclare la jeune femme.
Les sondages suggèrent que le soutien pour Vox pourrait doubler, même si les sondeurs ont eu du mal à estimer la popularité du nouveau parti. En tout cas, le résultat global risque d'être très serré, laissant la porte ouverte à plusieurs configurations possibles ou même à une nouvelle élection. Au total, plus de 92 000 policiers seront déployés dans toute l'Espagne pour encadrer cette élection.
Reuters