Le 6 novembre 2018, France Info a diffusé une nouvelle selon laquelle un groupe « d’ultradroite » aurait projeté un attentat contre le Président de la République, Emmanuel Macron. Bientôt reprise par de nombreux organes de presse, cette information a été reproduite, souvent telle quelle, pendant plusieurs jours, avant de connaître une fin très discrète et pour cause : tout cela « était un coup monté ».
Un coup monté qu’un simple examen critique permettait pourtant de déceler d’emblée tant l’information était invraisemblable. Ainsi, Jean-Jacques Fifre titrait-il dès le 7 novembre dans
Riposte laïque : « Menaces d’attentat contre Macron ou mensonge d’Etat ? » tandis que le 11 novembre,
Boulevard Voltaire se posait « quelques questions ». Finalement, C’est
Le Canard Enchaîné qui a dévoilé le pot aux roses dans un article publié le 14 novembre sous le titre humoristique : « Un projet d’attentat bien emballé » (...).
L’effrayante ultradroite
(...) L’expression ultradroite, parfois aussi rédigée avec un trait d’union (ultra-droite), est relativement récente. Elle tire peut-être son origine de l’histoire de France et, plus précisément, de la Restauration qui vit l’apparition des ultra-royalistes, encore appelés
Ultras, et dont on disait qu’ils étaient plus royalistes que le roi. Larousse définit le nom d’ultra comme « une personne exaltée, qui pousse à l’excès ses opinions, ses goûts. » Dans le vocabulaire courant, le terme ultradroite a été utilisé par différents politologues pour désigner des individus dont les convictions les portent « à droite de l’extrême droite. » (...) Le « partisan » d’ultradroite serait jeune, de sexe masculin, pas ou peu éduqué, issu d’un milieu familial décomposé, en rupture avec la société et sans perspectives d’avenir sur le plan professionnel. Il serait également pas ou peu violent et surtout attaché à un discours exutoire ne conduisant donc pas au passage à l’acte (...).
Un projet croquignolesque
Les informations divulguées évoquaient un groupe de 6 personnes, 5 hommes et 1 femme, âgées de 22 à 62 ans, demeurant dans les départements de l’Isère, de la Moselle et de l’Ille-et-Vilaine et repérées grâce à des interceptions téléphoniques. Des interceptions qui amènent à s’interroger puisque le principal instigateur du pseudo projet d’attentat, Jean-Pierre B., n’aurait été mis sous surveillance que le 31 octobre.
(...) Dans la voiture de Jean-Pierre B., les enquêteurs ont trouvé un couteau avec une lame en céramique. Jean-Pierre B. aurait projeté de poignarder Emmanuel Macron avec ce couteau peut-être indétectable aux portiques de sécurité, mais surtout inapproprié car les lames en céramique ne permettent que de trancher et non de percer. D’après BFMTV, un calibre 44 et des amorces de grenades ont été trouvés chez lui.
Toujours selon les médias, les protagonistes seraient passés aux aveux. Cependant, 2 d’entre eux ont été mis hors de cause après 3 jours. En particulier, la femme, âgée de 61 ans, a affirmé lors de sa garde à vue de 80 heures qu’elle n’était pas au courant du projet et même qu’elle n’était pas d’ultradroite. Finalement, 4 sympathisants de l’ultradroite interpellés mardi ont été présentés à un juge antiterroriste samedi et mis en examen pour association de malfaiteurs et détention non autorisée d’armes en relation avec une entreprise terroriste. Placés en détention provisoire après avoir reconnu qu’ils étaient sur le point de passer à l’action, les 4 hommes se seraient revendiqués « survivalistes ».
On peine à se convaincre du sérieux de cette affaire, au point que le nouveau secrétaire d’État à l’Intérieur, Laurent Nunez, a fort prudemment déclaré le 11 novembre : «
Il faut rester prudent, car l’enquête est en cours, mais il semble que le président de la république était pour eux une cible potentielle, même si le projet n’était pas abouti ». Comme l’écrivait
Le Canard enchaîné le 14 novembre : «
On a connu plus convaincu », même si le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a parlé de «
menaces concrètes qui nous ont inquiétés ».
(...)
André Murawski, conseiller régional (ex-FN/RN) des Hauts-de-France. Retrouvez l'intégralité de cet article sur
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