Au Québec, le groupe de recherche EROFA a proposé de simplifier l'orthographe française pour la rendre plus accessible, en supprimant notamment les consonnes doubles, les lettres grecques et les accords complexes des participes passés, ou encore les "s" muets jugés désuets. L'étude, menée par les linguistes Mireille Elchacar et Amélie-Hélène Rheault, montre que les erreurs dans les accords des participes passés et du pluriel sont fréquentes, et propose de supprimer les accords avec le verbe "avoir" et de réduire les heures d'enseignement des règles complexes au profit de l'histoire de la langue. Mme Elchacar critique la langue écrite française comme étant élitiste et figée, contrairement à d'autres langues qui ajustent régulièrement leur orthographe pour correspondre à l'usage oral... Voici un extrait de l'article du Devoir consacré à ce sujet :
"Enlevez un « f » aux difficultés, enlevez un « h » et un « m » aux hommes, et vous obtiendrez… une orthographe française simplifiée, accessible au plus grand nombre.
C’est en tout cas les conclusions du groupe de recherche EROFA (Études pour la rationalisation de l’orthographe française d’aujourd’hui), qui présentait ses résultats jeudi à l’Acfas. Dans le cadre de ses travaux, on étudie la suppression des consonnes doubles, comme dans « charrette » (alors qu’on écrit aussi « chariot »), celle de la terminaison du pluriel des mots en « x » (genou, pou, etc.), la disparition des lettres grecques (comme le « h » des hommes), mais aussi, et peut-être surtout, l’épineuse réforme des accords des participes passés.
Les fautes dans l’accord des participes passés arrivent en deuxième dans la liste des erreurs d’orthographe que font les étudiants d’université, selon une étude effectuée par Mireille Elchacar, de l’Université TELUQ, et Amélie-Hélène Rheault, de l’Université de Sherbrooke. L’une des suggestions avancées pour rendre cette règle grammaticale plus simple, est de supprimer tous les accords avec le verbe avoir. Cela réduirait d’un seul coup les « 14 pages » consacrées à l’usage des participes passés dans les grammaires utilisées en classe, relève Mme Elchacar. Par ailleurs, les fautes les plus courantes relevées dans cette étude sont celles de l’accord du pluriel, qui commande que l’on ajoute un « s » muet à la fin du mot.
Cet usage du « s » muet est un reliquat d’une langue française qui n’a pas été réformée adéquatement depuis des siècles, explique Mireille Elchacar en entrevue. « Il y a des centaines d’années, le “s” du pluriel en français se prononçait », dit-elle. C’est d’ailleurs toujours le cas en anglais, réputé pour être une langue plus accessible que le français (...)"
En France ce phénomène existe déjà et est malheureusement observé dans de nombreuses écoles. Et il porte un nom : la dégradation du niveau scolaire.
Le Devoir / Illustration