Mistral Payan !
La gauche marseillaise est décidément pleine de surprise. Le PS phocéen que l’on croyait moribond, enterré sous la razzia insoumise et écologiste et obligé de se coaliser pour survivre, a finalement réussi l’impensable : reprendre la ville. Non seulement l’arracher aux dauphins de l’indéboulonnable Gaudin, mais surtout le récupérer des mains du Printemps marseillais.
On se rappelle comment la gauche coalisée menée sous l’étiquette « Printemps marseillais » de Michèle Rubirola, inconnue et novice en politique, a réussi à remporter la majorité des sièges au conseil de Marseille avec l’appui de la divergente socialiste Samia Ghali.
On se rappelle la droite, divisée par les appétits des dauphins de l’ancien maire Jean-Claude Gaudin et mal représentée par une Martine Vassal contestée dans son propre camp. On se rappelle aussi la défaite cinglante du RN mené par Stéphane Ravier, plombé certes par l’abstention, mais sans doute aussi par une part de vote utile.
Donc, Michèle Rubirola, maire de Marseille, a déclaré vouloir démissionner de son mandat de maire au profit de son premier adjoint Benoît Payan. Un éléphanteau du PS marseillais de 42 ans. Une démission officiellement pour raison de santé mais qui n’empêchera pas Rubirola de devenir première adjointe… de son ancien premier adjoint donc. Curieuses raisons de santé qui l’empêchent d’être maire mais pas de devenir première adjointe.
En réalité, Rubirola avait prévenu. Une minuscule allusion glissée à François Lamy, l’ancien ministre de François Hollande, « Tu es au courant que je ne reste que trois mois ? »
Une phrase lourde de sens. Une phrase qui rendrait presque compatissant tant la détresse de ce médecin de quartiers défavorisés, écologiste, apparaît comme une femme de bonne volonté mais incapable de servir à autre chose que de vitrine verte et sympathique à un PS dénué du moindre scrupule.
Benoît Payan, le Machiavel
Il s’est imposé dès le début du mandat comme le véritable maire, reléguant Rubirola au placard comme on jette un outil qui a suffisamment servi. Le tandem était pourtant connu, à Rubirola le SAV et à Benoît Payan, la gestion et la politique politicienne. Elle n’a jamais voulu être maire, c’est une évidence nous confie un proche de la gauche marseillaise. L’annonce fracassante de sa démission confirme donc ce que beaucoup avaient deviné : le sous-marin PS émerge des eaux profondes pour se muer en porte-avion nucléaire. C’était la vraie information de ces municipales : le PS est de retour. Maître dans l’art des artifices, des diversions, des motions et du camouflage après la chute des toutes-puissantes fédérations, les socialistes reviennent et tiennent la mairie. Reste à savoir si les autres formations politiques du Printemps marseillais accepteront de voir Payan marcher sur les têtes pour monter sur le trône.
Reste à savoir si les Marseillais réagiront. Pour Stéphane Ravier, l’affaire est simple : il faut recommencer l’élection. Les Marseillais ont voulu élire une coalition de gauche pour en finir avec les politiques corrompus et les petits barons locaux. Ils n’ont sûrement pas voté pour Benoît Payan.