Mais quel problème le gouvernement a-t-il avec la liberté ? Cela avait commencé il y a un an avec la polémique loi Avia qui voulait censurer allègrement et sans contrainte les opinions divergentes sur les réseaux sociaux dans le cadre d’une commode « lutte contre la haine ». La semaine dernière, le gouvernement récidivait avec un nouveau dispositif sécuritaire permettant de ficher les citoyens en fonction de leurs opinions politiques. Plus récemment encore, une loi devait instaurer un « passeport vert » excluant, sur décision du Premier ministre, les personnes non vaccinées des transports en commun et, plus largement, de l’espace public. Quand ce n’est pas la loi de sécurité globale qui muselle encore un peu plus la liberté de manifester pacifiquement.
En réalité, c’est une course en avant, une fuite désespérée du politique vers toujours plus de verrouillage, quand l’opinion publique se retourne de plus en plus contre lui. Toujours plus de lois liberticides ? Toujours plus d’opposition ! Toujours plus de réaction contre l’opposition ? Toujours plus d’opposition en retour. Dans cet immense « action, réaction ! », le gouvernement semble condamné à aller toujours plus loin, toujours plus vite, et l’opposition déterminée à se durcir davantage.
Evidemment, lorsqu’on parle d’opposition, il faut parler de La France insoumise et du Rassemblement national. Si les premiers se mobilisent davantage sur le créneau anti-policier, qui n’est pas et de loin le plus pertinent, le camp national fait feu de tout bois contre les mesures liberticides. On peut citer Marion Maréchal, la première à avoir alerté sur les velléités de passeport vert, une alerte qui a fonctionné puisque, devant la levée de boucliers de l’opposition, le gouvernement a été contraint de faire machine arrière. On peut citer aussi le président de VIA, Jean-Frédéric Poisson, qui porte ce mercredi à 16 heures l’affaire du fichage politique devant le Conseil d’Etat. On peut citer encore Marine Le Pen et Jordan Bardella qui se démultiplient sur les plateaux pour dénoncer ces pratiques dignes des plus grands régimes totalitaires.
En outre, on peut signaler la position intenable dans laquelle s’est enfermé le gouvernement. Avec la finesse tactique d’un troupeau de rhinocéros en furie, il est allé trop loin trop vite et se retrouve condamné à faire demi-tour tout en déminant son propre terrain. L’exécutif va donc devoir clarifier, ou plutôt se justifier, car en définitive, s’il n’y aura pas d’obligation vaccinale, il va falloir « créer du consentement » alors que l’idée du passeport vert sous-entend qu’il faudra un jour passer à la vitesse supérieure. Acculé à la retraite, tous les efforts de l’exécutif se portent sur le fait de ne pas la faire passer pour une déroute. D’autant que la trêve de Noël s’estompera aussi rapidement que la patience de l’opinion vis-à-vis d’une énième incurie sanitaire. On ne prend pas le risque de se mobiliser lorsqu’on a trop à perdre. Mais le jour approche où il y aura trop de citoyens qui n’auront plus rien à perdre.
Etienne Defay pour
Présent