C’est parti pour Nord Stream 2, le gazoduc russo-allemand qui relie dorénavant la Russie à l’Allemagne, via la mer Baltique.
Exploité par le géant russe Gazprom, pour environ 55 milliards de mètres cubes de gaz par an, il va desservir les pays européens, et en premier lieu l’Allemagne qui va ainsi voir doubler l’approvisionnement dont elle a bien besoin depuis qu’elle s’est tournée, sous la pression des Verts, exclusivement vers les énergies renouvelables, dont elle doit impérativement compenser les faibles rendements.
Ce projet a été financé par un consortium européen dont le français Engie. Le pipeline, long de 1230 km, aura coûté 11 milliards de dollars et devrait être opérationnel fin 2021. Le trajet suivi par Nord Stream 2, tout comme celui de son jumeau Nord Stream 1, traverse les espaces maritimes finlandais, suédois et danois avant de toucher terre sur la côte allemande.
Si le projet déplaît, depuis l’origine, à Washington, qui y voit là une dépendance accrue de l’Europe vis à vis de la Russie, et a tout fait pour en perturber la construction, notamment la menace de “sanctions”. L'Europe, elle, y trouve son compte, qui va voir 26 millions de foyers européens servis en énergie par ce gazoduc.
Sur le plan de l’environnement, ce transport par gazoduc efface les effets indéniablement pollueurs des transports par voie terrestre et constitue une victoire écologique certaine.
Nord Stream 2 offre également à la Russie une avancée géostratégique appréciable et lui permet, en outre, de ne plus être obligé de faire transiter les 40% de son gaz à destination de l’Europe par l’Ukraine, à laquelle Gazprom devait verser chaque année plus d’un milliard d’euros de frais de transit. Cette perspective avait fait dire au président ukrainien Volodymyr Zelensky que le gazoduc était “une dangereuse arme géopolitique du Kremlin”. Kiev par ailleurs demande à ce que ses frais de transit continuent à lui être versés, ce qui est en négociation à l’heure actuelle, sous la pression allemande notamment et pourrait, en signe d’apaisement, aboutir de façon positive pour l’Ukraine.
Avec cette collaboration bienvenue, les pays européens et la Russie voient leurs relations se réchauffer et se rapprocher la perspective d’une rencontre au sommet UE-Russie, prônée par la France et l’Allemagne.
C.H