Ce navire, destiné au Pôle Nord, est un navire hybride, propulsé pour partie électriquement, sans émission de CO2, pour partie au gaz liquéfié, émettant 25% moins de gaz carbonique que le fuel.
La compagnie française Ponant, qui a conçu et fait construire en Norvège ce magnifique paquebot de 150 mètres aux prestations exceptionnelles, le destine tant aux voyages de luxe qu’à l’exploration scientifique du grand nord. En effet le Commandant Charcot accueillera à son bord, outre une clientèle privilégiée, plusieurs scientifiques.
Comme l’explorateur polaire bien connu dont il tire son nom, le Commandant Charcot est un pionnier. Premier navire de croisière à embarquer des passagers jusqu’au cœur de la banquise, jusqu’à 245 au total, il est aussi bourré d’innovations technologiques.
Tracer sa route jusqu’au Pôle Nord nécessite pour un paquebot la coque et la puissance de motorisation d’un brise-glace, deux caractéristiques essentielles respectées dans la fabrication de ce navire. Navire de croisière, le Commandant Charcot n’en est pas moins un navire scientifique. Deux vastes laboratoires, l’un “sec”, rempli d’ordinateurs et d’instruments de mesure, l’autre “humide”, avec un accès direct à la mer, accueilleront des chercheurs spécialisés dans l’étude des pôles et celle des océans. Quatre cabines leur sont réservées, qui les accueilleront à bord gratuitement.
Au tout début, l’audacieux projet de construction d’un tel bâtiment a plus que surpris. Les ingénieurs scandinaves "nous ont pris pour des dingues" raconte Mathieu Petiteau, qui a conçu ce navire et en a suivi chaque jour de sa réalisation, “embarquer 245 passagers jusqu’au pôle Nord leur paraissait déraisonnable”. Bien évidemment, la réalisation d’un tel projet s’est heurtée à toutes sortes de difficultés, à commencer par le poids, avec des tôles d’acier de 6 cm d’épaisseur pour l’étrave,qui doivent résister à la pression de la glace, ensuite les moteurs, qui seront des pods et non des arbres de transmission trop fragiles dans ce milieu, enfin la puissance du navire qui a dû être pensée pour pouvoir franchir des "ridges" de quinze mètres de hauteur de glace.
La compagnie a aussi cherché à impacter au minimum l’environnement. Les déchets seront ainsi triés selon les normes les plus strictes et les eaux usées intégralement traitées.
La sécurité des passagers a été particulièrement réfléchie, et le navire embarquera à son bord deux chasseurs Inuit groenlandais dont la connaissance ancestrale de la banquise sera à coup sûr d’une aide précieuse, comme le souligne Nicolas Dubreuil l’expert de l’exploration polaire qui supervise toutes les activités., Le Français avait connu ses deux complices il y a plus de vingt ans, en vivant dans leur village du Groenland où il avait appris leur langue.
Magnifique invitation au voyage et aventure passionnante, à suivre…
C.H