A quelques mois des élections, Emmanuel Macron veut ouvrir “le chantier de la réparation “ vis-à-vis des Harkis. Après avoir qualifié la présence française en Algérie de “crime contre l’humanité”, Macron tente de faire machine arrière dans un but de réconciliation.
Voilà cinquante neuf ans que nos chefs de l’Etat, l’un après l’autre, disent tout et son contraire à propos de cette guerre d’Algérie et de la question brûlante du sort réservé aux Harkis, ces soldats algériens restés fidèles à la France. Seuls Jacques Chirac et François Hollande avaient fini par trouver les mots qui convenaient, devant le sort réservé aux Harkis. lls avaient été oubliés dans des camps en arrivant sur notre sol, pour ceux qui avaient réussi à fuir et considérés avec le plus grand mépris. On ne peut pas oublier les mots du maire socialiste de Marseille de l’époque Gaston Defferre, qui leur enjoignait de retourner de l’autre côté de la Méditerranée.
Emmanuel Macron, pensant clore le débat, a demandé un rapport sur la guerre et les Harkis à Benjamin Stora, rapport qui a soulevé l’indignation des descendants des Harkis. Ainsi que l’écrivent Fatima Besnaci-Lancou, Dalila Kerchouche et les 49 co-signataires de leur tribune publiée le 27 janvier 2021, une semaine après la remise du rapport au président de la république: : “Nous, filles et femmes de Harkis, récusons le rapport Stora sur la guerre d’Algérie” ajoutant que ce rapport “obéit à des considérations politiques et non historiques, au préjudice de la vérité sur les Harkis.”
Dans son rapport, Benjamin Stora évoque notamment les “représailles cruelles contre les Harkis en Algérie à la fin de la guerre”, le choix du mot “représailles” n’étant évidemment pas neutre car il laisse entendre que ces crimes abominables du FLN étaient perpétrés en réponse à des exactions, ce qui est contraire à la vérité historique. Elle n’a pas lieu d’être dans un rapport qui se devrait d’être neutre et impartial.
Avec la signature des accords d’Evian et le cessez-le-feu, beaucoup pensaient la paix revenue, et c’est alors à un génocide systématique que s’est livré le FLN, faisant plus de morts que durant toute la guerre elle même. Si le rapport Stora poursuit en qualifiant ces crimes, perpétrés par le FLN, d’ ‘“actes du FLN”, le journal algérien EL WATAN, lui, a l’honnêteté de les qualifier de “ bavures du FLN.”, ce qui nous rapproche un peu plus de la vérité.
Emmanuel Macron voulait réconcilier l’Algérie et la France sur cette douloureuse affaire, et apaiser et rendre hommage aux Harkis, il semble que les directives de modération données à Benjamin Stora ne parviennent qu’à la conséquence inverse, même si la perspective sonnante et trébuchante qui pallie généralement le manque de courage et de loyauté s’invite à la mascarade pré-électorale.
Catherine Haudelisle
Photo : Sipa Press (détail)