Nous avions paraît-il le meilleur système de santé au monde, c’était en tout cas le discours obligé. Le monde entier nous enviait notre protection sociale. La laïcité à la française ? C’était un modèle du genre ! Sans parler de notre formidable capacité à intégrer les populations immigrées. Sur tous ces terrains, la réalité nous a rattrapés. Et voici que l’école républicaine, l’école de Jules Ferry, la plus désirable au monde, se révèle objectivement, elle aussi, en pleine déconfiture.
L’outil d’appréciation de l’enseignement, basé sur un système de comparaison international, utilisé par l’IEA ou
International Association for the Evaluation of Educational Achievement, nous apprend en effet que l’enseignement en France est dorénavant en perdition, et tout spécialement dans les domaines des sciences et des mathématiques, matières censées nous projeter dans l’avenir.
A toujours voir le verre à moitié vide, le déclinisme est certes un penchant assez déplaisant à la longue, mais en principe seuls les esprits les plus réactionnaires, les plus bornés, succombent à cette tentation. Or personne ne semble en mesure de contester, ou même de nuancer, l’étude catastrophique de l’IEA. Cette étude montre que, dans le primaire et le secondaire, la France est désormais distancée par tous les pays développés. Oui, tous, ce n’est pas une figure de style. Nous sommes en effet bons derniers au sein de la Communauté européenne. Et si l’on examine la situation au niveau des 37 pays membres de l’OCDE, les pays les plus développés de la planète, le fait d’être avant-derniers est une piètre consolation, car derrière nous il n’y a que le Chili. Or le Chili, avant que le général Pinochet ne redresse le pays, était considéré …comme un Etat du tiers-monde ! Mais plus que le rétablissement du Chili, c’est l’effondrement de la France qui laisse pantois.
En régression depuis 25 ansL’enquête a été réalisée il y a 18 mois. Les résultats détaillés n’en sont connus que maintenant. Ils nous apprennent que non seulement le niveau de nos élèves est le plus bas parmi tous les pays de même standard, mais qu’en outre ce niveau est en régression si on le compare à celui des élèves français, il y a seulement 25 ans.
Où est l’explication ? C’est la conséquence d’une insuffisance de moyens, d’effectifs, de formation, s’indignent d’une seule voix les syndicats. L’analyse semble un peu courte, même pour les commentateurs les mieux disposés, qui savent que le budget de l’Education nationale est colossal, que les effectifs son pléthoriques, que le nombre d’heures passées à pratiquer les mathématiques en primaire est exceptionnellement fort. En prenant ces données-là, les ratios par pays démontrent que nous devrions figurer largement en tête du classement.
Il y a 25 ans, nous étions en effet sur les plus hautes marches dans les disciplines dites scientifiques. Or aucune enquête récente (PISA ou CEDRE, par exemple) ne vient infirmer celle de de l’IEA. Dans l’enseignement de ces matières, désormais, nous ne sommes plus crédibles
Hasardons-nous à évoquer d’autres explications, certes politiquement incorrectes, comme l’évolution sociologique des élèves, ou encore un laxisme généralisé dans le corps enseignant, et une absence d’ambitions et de rigueur au ministère de l’Education nationale. Il reste un constat amer : Blanquer nous avait promis de restaurer l’excellence à l’école. Elle n’est pas au rendez-vous.