Les vingt premières puissances mondiales vont-elles reconnaître les nouveaux maîtres de Kaboul comme gouvernement légitime? Ce sera la question centrale de ce G20 extraordinaire.Le gouvernement de
Mario Draghi, Président du Conseil des ministres d'Italie, aura été à la manœuvre pour mettre au cœur du G20, qui a lieu ce mardi 12 octobre, la question de la reconnaissance du nouveau pouvoir afghan.
Français et Italiens mettent en avant l’acceptation préalable de valeurs démocratiques et respectueuses des “droits de l’Homme” par le gouvernement taliban avant d’aller plus loin.
Demande habituelle qui équivaut à un coup d’épée dans l’eau avec des régimes comme celui des talibans mais qui permet, croit-on, de draper sa faiblesse et son indécision dans les atours de la respectabilité.
Emmanuel Macron s’est même fendu d’un “message clair” exigeant que les grands pays puissent “poser leurs conditions”.
Côté taliban, la reconnaissance de leur gouvernement leur ouvrirait la voie aux institutions et au soutien financier via l’aide au développement.Cet aspect est vital pour l’Afghanistan car, si aujourd’hui le robinet du FMI est fermé, jusqu’en 2020, les aides internationales représentaient 43% du PIB afghan. Et,
depuis mi-août le système de santé est porté par les seules ONG.
Quant aux
Russes, ils ne s’encombrent pas d’exigences dont ils savent qu’elles ne seront jamais respectées et voient d’un bon œil la place libre laissée par le départ des américains.
Ils ont décidé d’organiser leur propre G20 le 20 octobre prochain, en y conviant les talibans. Sont invités également la
Chine,
l’Inde, l’Iran et le Pakistan. La Turquie, qui affirmait après la prise de Kaboul qu’il ne fallait pas se précipiter et se jouait le parfait promoteur des droits de l’Homme, voit bien que les événements de Kaboul sont pour elle un moyen d’étendre son influence commerciale et géostratégique dans cette zone. C’est déjà une société turque qui a dorénavant la mainmise sur la sécurité de l’aéroport de Kaboul.
Comme l’explique
Vincent Chetail, spécialiste de droit international, au
Figaro :
“Bien que les États soient dans le droit de poser des conditions, celles-ci n’ont aucune valeur juridique”. Et il ajoute :
“la reconnaissance n’a rien à voir avec la légitimité mais les USA et l’Europe jouent de la confusion pour en faire un moyen de pression. Cette reconnaissance est pur symbole, en réalité la vraie question est celle du financement du FMI et de la Banque mondiale. Voilà ce que les États pourraient mettre dans la balance”.C.H