Des « antiracistes » réclament l'interdiction de l'exposition « Toutânkhamon » à Paris, car son origine africaine serait cachée. L'égyptologue Bénédicte Lhoyer réagit.
Inaugurée il y a moins d'un mois,
l'incroyable exposition « Toutânkhamon » à la Grande Halle de la Villette fait déjà l'objet d'une controverse que l'on qualifierait volontiers d'« ubuesque » si elle n'était pas aussi et avant tout dangereuse. À l'heure où un petit groupe d'individus dits « antiracistes » parvient à obtenir
la censure des Suppliantes d'Eschyle, d'autres, issus des mêmes mouvances, réclament l'interdiction de l'exposition « Toutânkhamon », dont les égyptologues et commissaires d'exposition tenteraient de cacher l'origine africaine. Selon eux, le célèbre pharaon était noir, tout comme l'ensemble des habitants de l'
Égypte ancienne. Une théorie bien connue des sites complotistes et des égyptologues français, qui observent depuis plusieurs années sa propagation, y compris dans leurs salles de cours.
Bénédicte Lhoyer est docteur en égyptologie (École du Louvre, université Paul-Valéry-Montpellier-3). Après des études à l'École du Louvre et à la Sorbonne, ancienne stagiaire épigraphiste du CFEETK (Centre franco-égyptien d'étude des temples de Karnak), elle est chargée de cours à l'École du Louvre et à l'Institut catholique de
Paris. Elle travaille principalement sur l'étude de la différence et du handicap dans la civilisation égyptienne, ainsi que sur les traces du crime et de l'illégalité en Égypte ancienne. Pour
Le Point, elle prend le temps de déconstruire ces théories abracadabrantesques sans cacher son inquiétude face au recul de la raison.
Suite :
Le Point