Mounir Mahjoubi est d’abord le Monsieur « fake news » du gouvernement Philippe. Il est d’un des principaux artisans de la loi censée interdire « la manipulation de l’information » en période électorale. Le secrétaire d’État au Numérique est aussi le Monsieur « Smart city » (« Villes intelligentes »). Son terrain de jeu est, en effet, le monde des connexions et des interconnexions. (cliquez ici).
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Mounir Mahjoubi[/caption]
L’amour, c’est d’abord du réseau, et sans réseau on n’arrive à rien. À vrai dire, l’amour, c’est d’abord vendeur. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. À juste titre, Docteur Mounir prescrit à tous du miel. Par ailleurs, il saurait tout sur tout et serait le seul à même de faire le tri entre le vrai et le faux. Parce qu’il sait que le maître du jeu est le propriétaire des data. Il est donc plein d’amour et de tendresse pour les internautes, les électeurs d’aujourd’hui et de demain.
Mais qui est vraiment Mounir Mahjoubi ? Celui-ci ne manque pas, en effet, de cultiver des prises de position progressistes, voire totalement inclusives. Il « aurait fait campagne aux côtés d’un individu fiché S lors des dernières législatives dans le XIXe arrondissement de Paris », raconte, de façon très précautionneuse, un article de France Soir publié initialement le 18 janvier 2018.
Contrairement aux apparences, Mahjoubi est un dur. Ne se félicitait-il pas de la mise en œuvre d’une censure contre les médias alternatifs, dits « illibéraux » (dixit Macron le 3 janvier 2018), comme TVLibertés subitement interdite de toute diffusion de programme sur You Tube entre juin et décembre de l’année 2018 ? Dans la même perspective, les journalistes doivent être les simples jouets des politiques, et les chaînes de télévision d’information en continu des TV Macron. À l’évidence, il est interdit de douter de la parole des médias de masse en Macronie.
La question est de savoir de quelle ligne politique Mahjoubi se réclame. D’abord, la frontière entre la société civile et la haute fonction publique n’aura jamais été aussi poreuse pour cette génération de politiques. Son cabinet est devenu un véritable moulin : on y entre pour finalement en sortir très vite (selon l’article de Vincent Jauvert de L’Obs publié le 31 janvier). Assurément, la Macronie a inventé l’ubérisationde la haute fonction publique : une liquéfaction généralisée des services de l’État qui est la conséquence d’une absence totale de souveraineté. Ou bien, Mister Love serait-il simplement un manager insupportable ? Rien n’est moins sûr.
Fils d’immigrés marocains, Mahjoubi est le macronien type obsédé par la singularité. Sa priorité, c’est le droit à la différence. Voilà pourquoi, il se devait d’effectuer son « coming out », ce qui signifie ici aveu d’homosexualité, en mai 2018 (il est pacsé depuis 2015). De façon intelligemment discrète, n’incarne-t-il pas parfaitement la ligne idéologique de la Web TV qatarienne AJ + (filiale du groupe Al Jazeera), la synthèse médiatique entre la culture de la fête et le culte du dieu vengeur ? Une construction idéologique qui tend à coaliser tous les éléments distincts de l’ordre judéo-chrétien.
Très au fait de la sociologie de Paris, le député du XIXe arrondissement a parfaitement compris qu’il pouvait tirer parti de son « coming out », et ce comme le sarkozien Roger Karoutchi en 2009. Sa double identité arabo-musulmane et homosexuelle aurait de quoi combler les foules parisiennes. Ainsi, avec Mahjoubi dans son escarcelle, Macron construit étape par étape un nouvel ordre civilisationnel qu’il serait rigoureux de qualifier d’islamo-libertaire.
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