Le jeudi 11 mars, une vidéo de 34 secondes a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, suscitant de nombreuses réactions. On y voit d’abord six jeunes, trois filles et trois garçons dans la
cathédrale de Reims, agenouillés en ricanant, l’un en train de fumer, pendant que l’une des filles réalise une parodie de bénédiction. Dans la deuxième partie de la vidéo, les trois garçons présents à la cathédrale se font gifler par des garçons plus âgés, qui leur demandent de s’excuser. L’un d’eux est jeté au sol, et, l’air penaud, ils déclarent s’excuser « pour les actes dans l’église, envers les chrétiens ». La vidéo de
« happy slapping » (une agression filmée et diffusée sur les réseaux sociaux) a suscité des réactions contradictoires : certains défendent les garçons qui distribuent les gifles, soulignant l’importance de défendre le respect de la religion chrétienne, quand d’autres dénoncent une violence disproportionnée. Ce lundi 15 mars, le procureur de Reims, Matthieu Bourrette a déclaré qu’
une enquête pour « violences en réunion » et « capture et diffusion d’images de violences sur les réseaux sociaux » avait été ouverte.
« On est plusieurs à penser que cela leur servira de leçon. »Aucun des jeunes présents dans la cathédrale n’a porté plainte pour l’instant et n’a eu de séquelles physiques.
« C., par exemple, est venu en cours comme d’habitude dès le lendemain » témoigne un ami d’une des victimes. Selon France 3, l’identification des auteurs de l’agression seraient un cours ; ils auraient agi ainsi car
« ils ont horreur qu’on manque de respect à leur religion ». L’un d’eux serait d’origine arménienne et de confession chrétienne.
Damien, l’un des garçons présent dans la cathédrale, a confié au
journal Libération se sentir
« honteux » d’avoir parodié la religion chrétienne, mais assure qu’il ne voulait pas
« faire du mal à la religion » et qu’il ne recommencera pas.
« On est plusieurs à penser que cela leur servira de leçon. Ces adolescents se croient toujours tout permis avec tout le monde. Malgré tout, ils ne méritaient pas cette violence » explique un ami d’une des victimes. Tous les protagonistes sont convoqués au commissariat, pour d’éventuelles poursuites judiciaires.
Comparaison n’est pas raisonPlusieurs médias (France 3, Le Figaro, etc) ont fait un parallèle entre cette histoire et une affaire de septembre 2020, où une jeune fille de 14 ans se faisait lyncher par un certain « Nabil » devant le collège Saint Rémi, et où l’agression avait été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux. Dans l’affaire de la cathédrale de Reims,
les médias se sont empressés de révéler l’origine arménienne de l’un des agresseurs, alors qu’ils étaient beaucoup plus discrets sur le prénom de celui qui avait totalement gratuitement frappé la jeune fille devant le collège rémois. En janvier 2016, dans l’émission Le club 28’ sur Arte, le journaliste Jean Quatremer avouait :
« Moi je me rappelle d’un article, un truc absolument extraordinaire sur une affaire de tournante en banlieue parisienne. Tous les noms avaient été changés […] C’étaient tous des Alain, des Frédéric, des Marcel, des Maurice, sauf qu’en réalité c’était des Mohamed, des Ahmed, etc. La presse bien-pensante, les bobos parisiens, se disent : « Quand même, si on les caractérise ». […] On cache, mais nous-mêmes [la presse française] en permanence, c’est un élément [l’origine ethnique] qu’on ne donne pas…» Nul doute que l’indignation sélective dont la presse française a le secret a encore frappé !