Les Britanniques sont partis, mais leur langue devient de plus en plus dominante dans les hautes sphères de l'Union européenne, rapporte
politico.eu. Le site d'information politique a analysé le discours de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen du 16 septembre dernier sur l'état de l'UE, le qualifiant de
"déclaration à peine masquée indiquant que l'anglais règne désormais en maître sur les 24 langues de l'Union européenne".
Selon les analyses du site d'information, Ursula Von der Leyen a utilisé trois langues dans son discours : par ordre d'apparition, le français, l'anglais et l'allemand. Jusqu'à présent, tout est normal : ces trois langues sont les langues de travail internes traditionnelles de la Commission européenne. Là où le bât blesse, c'est que toute prétention d'équilibre entre ces langues a été abandonnée.
Si l'on mesure le discours de U. Von der Leyen à l'aune du nombre de mots, 81 % des discours étaient en anglais, 12 % en allemand et seulement 7 % en français. Dans le détail, elle a parlé en français pendant 80 secondes au début de son discours et pendant deux minutes et demie à la fin ; elle a parlé en allemand pendant neuf minutes et demie au milieu ; et elle a parlé en anglais pendant 63 minutes - deux morceaux d'une demi-heure de chaque côté de la section allemande. En tenant compte du temps perdu en applaudissements, l'anglais a pris encore plus de place dans son discours - près de 85 % - car elle lit l'allemand (sa langue maternelle) plus couramment que l'anglais.
Ce n'est pas tout, la quasi-totalité des chefs des différents groupes politiques, à l'exception des souverainistes, lui ont répondu dans la langue de Shakespeare, y compris l’Allemand Manfred Weber (PPE, conservateur), alors que depuis le départ du Royaume-Uni de l'Union, moins de vingt députés sur 705 ont l’anglais pour langue maternelle...
"La victoire de la langue anglaise sur le français est presque complète", affirme l'article du site d'information politique, alors que le triomphe de l'anglais au Parlement européen est ce contre quoi les gouvernements français successifs se sont battus.
Traditionnellement, la langue française était célébrée comme la langue de la diplomatie et pendant les 40 premières années d'existence de l'Union européenne, le français était en effet la langue dominante. Les diplomates et les bureaucrates ont développé une langue de bois pleine de jargon, avec une identité européenne distincte. Malheureusement, le vent a tourné contre le français avec l'élargissement de l'UE en 1995 et s'est accéléré en 2004. Et maintenant, quel avenir l'Union européenne réserve-t-elle à la langue française ?
Politico /
Libération