Cambodge : le royaume où tout va bien ? Aujourd’hui, direction le Cambodge, ancien Etat de l’Indochine française avec le Vietnam et le Laos mais seul de ces trois pays à ne pas disposer de frontières avec la Chine.
Peuplé de 16 millions d’habitants pour une superficie de 180 000 km², le pays compte parmi les 10 pays les plus pauvres du continent asiatique.
La principale ethnie est celle des khmers, avec plus de 85% de la population loin devant les viets, les chams et les chinois.
Il a connu une certaine forme de développement économique à l’occasion de sa stabilisation politique au début des années 2000, avec un taux de croissance atteignant même les 13% en 2005.
Le secteur primaire constituerait environ un tiers du PIB avec l’agriculture, la pêche et l’exploitation forestière ; mais c’est le tourisme qui est la première ressource économique du pays avec, en premier lieu, des visiteurs venus d’Asie. Si les cas sont moins médiatisés que pour la Thaïlande, le tourisme sexuel est un fléau qui frappe le pays depuis de nombreuses années.
Enfin, dans le secteur secondaire, c’est le textile qui représente la part la plus importante de l’activité.
Riche en caoutchouc, en bois, en pierres précieuses, le pays dispose par ailleurs de pétrole, de gaz et de bauxite dans des proportions peu connues et qui attirent les prédateurs économiques régionaux.
Politiquement, le pays est une monarchie constitutionnelle et a pour roi Norodom Sihamoni. Le chef du gouvernement, Hun Sen, premier ministre depuis 1998, est proche de Pékin. Ancien militaire ayant participé à la lutte khmère rouges avant de s’y opposer au côté des maoïstes, il dirige le pays d’une main de fer. En 2018, il s’était distingué en interdisant le principal parti d’opposition avant les élections législatives. La fortune du clan au pouvoir serait de plusieurs centaines de millions d’euros, fait notable eu égard à la pauvreté du pays mais somme finalement faible à l’échelle mondiale.
Le Premier ministre Hun Sen
Seulement une centaine de cas ?
114 personnes seraient touchées par le Covid-19, selon notre indicateur habituel… C’est peu, même si c’est toujours davantage que le Laos et sa dizaine de cas officiels... Aucun nouveau cas n’a d’ailleurs été annoncé depuis samedi. Le porte -parole du gouvernement a appelé à la vigilance de la population alors qu’une loi d’état d’urgence devrait être votée par le parlement. Une notion d’état d’urgence assez superficielle pour un Etat pas franchement très porté sur les libertés telles qu’elles sont conçues en Occident. Des ONG ont déjà critiqué le texte, qui ne serait pas tout à fait modèle en matière de respect des droits fondamentaux. Human Rights Watch a notamment alerté sur des atteintes à la liberté d’expression.
Certaines sources avancent le chiffre de 6 000 tests réalisés dans le pays, ce qui est assez important proportionnellement au niveau régional. Comme pour d’autres « pays pauvres » de la région, difficile de démêler le vrai du faux dans la communication gouvernementale, d’autant que la manière d’envisager la mort ou la maladie est très éloignée de nos conceptions européennes. Reste que le pays n’étant pas un lieu de passage incontournable, il peut potentiellement être assez épargné par l’épidémie.
Des touristes invités à prolonger leur séjourLe 3 avril dernier, le ministère des affaires étrangères a annoncé la prolongation automatique des visas touristiques aux citoyens étrangers. Le 4 avril, un vol à destination de la France est parti depuis l’aéroport de Phnom Penh. Des vacanciers français, des alsaciens notamment, n’ont pas pu rentrer en France et ont parfois même été séparé de leur moitié ! Un groupe d’une vingtaine de personnes serait toujours confiné à Sihanoukville, à l’hôtel Indépendance. Les français seraient d’ailleurs la deuxième communauté la plus touchée du pays avec 39 cas, pour seulement 49 autochtones.
Depuis le 17 mars, le pays ne reçoit cependant plus de voyageurs en provenance de France, d’Italie, d’Espagne, d’Allemagne ou des Etats-Unis… Une liste qui, vous l’aurez remarqué, n’inclue pas le puissant voisin chinois !
Le risque des « travailleurs thaï »
L’un des principaux risques pour le Cambodge réside dans le retour de ses travailleurs expatriés. En l’occurrence, les cambodgiens partis travailler chez le riche voisin thaïlandais. Un problème analogue a eu lieu en Birmanie avec des travailleurs également expatriés en Thaïlande.
Le ministère de la santé a d’ailleurs appelé les cambodgiens de retour de Thaïlande à se placer en quarantaine pendant quatorze jours.
Laos et Cambodge ont par ailleurs fermé leurs frontières communes à la circulation de personnes, la laissant ouverte pour les biens et marchandises. Les frontières vietnamienne et thaïlandaise seraient également fermées.
Comme dans la majorité des pays de la région, l’Etat a interdit les rassemblements religieux et ordonné la fermeture des écoles mais aussi celle des établissements de nuit, cinémas et musées. La municipalité de la capitale Phnom Penh a par ailleurs suspendu la circulation des bus et bateaux publics.
Enfin, le premier ministre a ordonné le 30 mars la suspension des exportations de riz blanc et de riz non décortiqué à des fins de sécurité alimentaire nationale.
Olivier Frèrejacques