Mais à quoi joue Bruno Le Maire ? Depuis plusieurs semaines, le ministre de l’Economie n’en finit plus de faire parler de sa personne ! Certains y verront son besoin de relancer l’économie, d’autres, l’expression de son ambition dévorante de s’emparer du fauteuil de premier ministre.
Dernier exemple en date, une sortie pour le moins inattendue mais salutaire, qui tranche avec son idéologie de mondialiste assumé. Bruno Le Maire a annoncé ce mercredi matin sa décision d’abaisser jusqu’à la fin de l’année, de 25% à 10%, le seuil à partir duquel l’Etat contrôle les investissements non européens prenant des parts dans les grandes entreprises françaises, y compris celles liées aux biotechnologies. En clair, dès qu’une entreprise étrangère, par exemple américaine, ambitionnera d’entrer, pour au moins 10%, au capital d’une entreprise française, Bercy ouvrira le dossier.
Le ministre a ici clairement exprimé sa volonté de protéger les sociétés fragilisées convoitées par l’étranger. Des sociétés qui sont pourtant en danger depuis des années, en témoignent les millions d’emplois supprimés dans l’industrie depuis le début des années 2000. En janvier, avant le confinement, le président Macron avait pourtant célébré « les bonnes nouvelles » que représentaient des investissements étrangers en France. Lui qui n’avait pas hésité à lâcher la branche énergie d’Alstom à « nos alliés américains » lorsqu’il officiait à l’Elysée en tant que secrétaire général adjoint puis comme ministre de l’économie remplaçant Arnaud Montebourg, lequel s’y était opposé jusque lors. Mais le chef de l’Etat n’est plus à un reniement près. Cette décision de Bruno Le Maire va néanmoins dans le bon sens, celui de la défense des intérêts stratégiques de la France…
Bruno Le Maire, toujours lui, invité ce mercredi matin sur LCI, a vanté les mérites de son plan d’aide aux entreprises avant d’inviter les Français à se retrousser les manches pour relancer l’activité dès le 11 mai. Un ton volontariste qui pouvait trancher avec celui employé par le premier ministre lors de son discours devant l’Assemblée nationale où il a exposé sa stratégie de déconfinement. Edouard Philippe a de son côté insisté sur la progressivité et la prudence et usé du mot « humilité » à plusieurs reprises. Malgré la dénonciation, en sourdine, de la méthode proposée par le premier ministre, Bruno Le Maire a nié l’existence de tensions au gouvernement. L’inénarrable mascotte et porte-parole du gouvernement, Sibeth N’diaye, a pour sa part souligné la « symbiose » qui règne au sein du tandem exécutif. Elle qui avait déclaré assumer parfaitement de « mentir pour protéger le président ».
Bruno Le Maire a enfin annoncé la présentation de son plan de relance pour la rentrée, écartant au passage la piste évoquée à Bercy d’une baisse du taux de la TVA, à 5,5% pour la restauration. Le ministre aura donc tout l’été pour le préparer. De la pertinence de ses propositions dépendra son éventuelle nomination au poste de premier ministre. A moins que la réaction post-confinement des Français ne force le chef de l’Etat à précipiter ses plans. On entend en effet, ici ou là, certaines personnes envisager, individuellement ou collectivement, des actions en justice contre des membres de l’exécutif et de la haute administration pour des mensonges et des fautes que d’aucuns qualifient de pénales, dans la gestion de la crise sanitaire.
Pierre Bergerault