Les visées de l’Azerbaïdjan sur les territoires arméniens n’ont visiblement pas cessé. Le jeudi 20 mai, les habitants de la région du Gegharkunik ont subi des intrusions de la part des troupes azerbaïdjanaises. C’est ce que rapporte un communiqué du ministère arménien de la défense. Vers 15 heures, heure locale, des soldats azerbaïdjanais auraient ainsi pénétré le territoire arménien en tirant plusieurs dizaines de coups de feu, ce qui a entraîné en réaction les tirs de sommation de l’Arménie. Le commandant des militaires azerbaïdjanais aurait demandé au responsable des unités arméniennes de cesser le tir. Il affirme que les tirs étaient accidentels. « Les forces armées de la République d’Arménie préviennent que la répétition de tels incidents sera considérée comme une tentative délibérée d’aller à la confrontation et conduira aux actions appropriées de la partie arménienne » a indiqué le ministère arménien de la Défense.
La multiplication de gestes inquiétants
Ce n’est pas la première fois que de telles intrusions, qui constituent des violations de l’intégrité territoriale de l’Arménie, ont lieu. Cette fois-ci, à la différence du conflit de l’année dernière, les irruptions n’ont plus pour objet les territoires litigieux de l’Artsakh, désormais sous contrôle de l’Azerbaïdjan. Dans la nuit du 12 mai, 300 soldats azerbaïdjanais auraient occupé le lac Sev, ce qui inquiète les Arméniens de Goris et des alentours. Trois kilomètres et demi auraient été ainsi parcourus en territoire arménien pour « préciser le tracé de la frontière ». Les habitants de la région de Syunik, province du sud-est de l’Arménie frontalière avec les territoires de l’Artasakh, ont été confrontés à ces intrusions contraires au droit international. Autre signe inquiétant : 15 000 soldats auraient pris position au Nakitchevan, l’enclave située entre la Turquie et l’Arménie. Les soldats azerbaïdjanais utiliseraient de fausses cartes topographiques pour établir le tracé des frontières entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Elles seraient contraires aux cartes du temps de l’URSS qui avaient pour vocation de délimiter les frontières internes entre les deux anciennes républiques soviétiques.
Le silence de la communauté internationale
Davantage rivée sur le conflit israélo-palestinien, la communauté internationale n’a guère réagi. Même en Arménie, la situation est accaparée par des élections présidentielles qui interviennent dans un climat tendu, comme le souligne ainsi le communiqué de presse de l’association SOS Chrétiens d’Orient daté du 17 mai 2021. L’association « craint une résurgence du conflit et signale que si rien n’est fait pour secourir la population en danger, c’est encore une guerre impitoyable et meurtrière qui se profile pour l’Arménie, particulièrement démunie face à la double menace turco-azerbaïdjanaise. » En France, Emmanuel Macron a condamné ces intrusions et a exigé le retrait immédiat des troupes azerbaïdjanaises. Sera-t-il suivi par d’autres dirigeants ?
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