Il a passé vingt ans à la tête de l’Algérie, jusqu’à ce 2 avril 2019 où la rue et l’armée l’avaient pressé de ne pas briguer de nouveau mandat. Il avait donc démissionné.
Comme tous les dirigeants de l’Algérie qui se sont succédé après l’indépendance, Bouteflika était un ancien du FLN qu’il avait rejoint dès 1956, auprès du colonel Houari Boumedienne à l’état-major au Maroc.
En 1961, Abdelaziz Bouteflika est chargé d’approcher, en vue d’une alliance, les membres du GPRA, Groupement provisoire de la république algérienne, alors emprisonnés par la France à Aulnay sous bois, mais l’année suivante c’est l’indépendance et le GPRA ainsi que les membres de l’armée de l’intérieur sont évincés de la course au pouvoir.
C’est Ben Bella qui triomphe, avec l’appui de l’ALN dont les troupes sont massées aux frontières et la promotion de Bouteflika sera fulgurante. Avec le premier gouvernement algérien, il est nommé ministre de la Jeunesse et des Sports. Puis en 63, le voilà ministre des Affaires étrangères à 26 ans. Ses relations avec la France et le Général de Gaulle sont ambivalentes et il négocie âprement les contentieux apparus après les accords d’Evian.
Sa première élection à la présidence de l’Algérie remonte à 1999, à la fin des années noires du pouvoir islamique, et il n’a eu de cesse, depuis lors, de faire évoluer le système à son profit. Fort de ses hydrocarbures acquis grâce à la France qui donna le Sahara à l’Algérie, l’Etat- providence s’est lancé dans l’industrie lourde et la planification à la soviétique, mais les mauvais choix économiques se révèleront catastrophiques dans la durée. L’agriculture, florissante du temps de la France, s’effondrait, les libertés publiques étaient étouffées, une classe de dignitaires s’arrogeant tous les privilèges. Bouteflika n’en a cure.
Abdelaziz Bouteflika incarnait ce FLN à qui le Général a livré l’Algérie, alors même que l’armée française avait gagné la guerre sur le terrain C’est ce même FLN qui exécuta sommairement et de façon particulièrement cruelle des dizaines de milliers d’ opposants et de Harkis fidèles à la France, notamment en juillet 62, plusieurs mois après les accords d’Evian qui étaient censés mettre fin aux hostilités.
Ce FLN qui refusa toujours de prendre les mesures “à la chinoise” nécessaires pour contrer une explosion démographique qui a contribué à étouffer tout développement économique.
Ce FLN enfin qui mit en place l’arabisation de l’enseignement, par pure idéologie anti-française, et fit ainsi le lit des islamistes qui finiront par semer la terreur dans les années 90.
N’oublions jamais que la guerre menée contre la France par le FLN s’est faite au nom de l’islam contre “les infidèles”. Des infidèles chez qui les dirigeants algériens viennent se faire soigner, en général aux frais du contribuable français, et chez qui l’Algérie déverse son trop-plein démographique depuis cinquante ans.
En avril 2013, un AVC avait laissé le président Bouteflika très affaibli et c’est en fauteuil roulant qu’il s’était présenté pour son 4ème mandat l’année suivante.
Malgré son état de santé, Abdelaziz Bouteflika annonçait en février 2019 son intention de briguer un 5ème mandat. C’en était trop et cette perspective enflamma la rue qui manifesta des semaines durant, soutenue par l’armée, amenant enfin le président à démissionner le 2 avril. Il laissait alors la place, quelques mois plus tard à Abdelmadjid Tebboune, lui même issu des rangs de l’ex-FLN.
Depuis sa démission, le président Bouteflika était retranché dans une maison médicalisée proche d’Alger.
C.H