L’Assemblée a adopté mardi la proposition de loi « visant à lutter contre les contenus haineux sur Internet ». Derrière l’intention louable, se cache une véritable machine à broyer la liberté d’expression.La si controversée loi Avia a donc été entérinée par l’Assemblée nationale par 434 voix contre 33. « Tremblez trolls haineux qui se cachent derrière vos ordinateurs » déclamait avec l’emphase d’une précieuse ridicule la député LREM de Paris. Celle qui s’est révélée au grand public pour avoir mordu un chauffeur de taxi a donc déposé son nom sur un projet de loi qui aurait fait passer Gayssot pour un libertaire de la pire espèce.
Au-delà, le texte prévoit une série de nouvelles contraintes pour les plateformes : transparence sur moyens mis en œuvre et résultats obtenus, coopération renforcée notamment avec la justice, surcroît d’attention aux mineurs. Le tout sera contrôlé par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. « C’est un combat exigeant et de longue haleine qui s’engage », a souligné son auteur, Laetitia Avia.
Notre nouveau secrétaire d’Etat au numérique Cédric O de lancer : « Nous avons une obligation de résultat, car être capable de protéger les Français, en ligne comme hors ligne, c’est la mission première de l’Etat. »
On est ravi de l’apprendre, Cédric O ne peut donc pas ignorer que c’est hors ligne, dans la vraie vie, IRL comme disent les internautes, que se déroule impunément la vraie violence. On est heureux d’apprendre que tout va bien dans ce pays, que les institutions régaliennes fonctionnent à merveille, que tout le monde vit en sécurité et possède un travail et une vie décente. En bref, que le seul problème à résoudre est l’incivilité qui règne sur les réseaux sociaux.
Le texte a par ailleurs été l’objet d’une vive opposition. Même si l’Assemblée a massivement voté pour, les voix dissidentes ont été audibles tant ce texte subit une opposition sociétale. Les députés RN et apparentés comme Emmanuelle Ménard ont été vent debout contre ce texte. Si les trois quarts des députés LR ont voté pour, certains comme Julien Aubert, récent candidat à la présidence des LR, ont en revanche signifié une opposition sans nuance. Du côté des Insoumis, on refuse que « sous prétexte de responsabiliser les plateformes », la proposition de loi « déresponsabilise l’Etat ».
Car c’est bien l’autre enjeu. La censure sera confiée aux GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) qui se chargeront du sale boulot. Une tâche déjà commencée puisque la plateforme de Zuckerberg traque sans relâche les messages souverainistes et conservateurs. En bref, une loi encourageant la censure, pire l’autocensure. C’est avec l’autocensure, que l’on s’interdit de penser. Plus qu’une loi liberticide, c’est une loi contre l’intelligence, une loi contre la pensée. Orwell aurait adoré.
En d’autres termes, les dérapages seront surveillés et éradiqués. D’autant que comme le rappelait le regretté Philippe Muray : « ils ne dérapent pas car ils sont le verglas ». Dommage que le verglas puisse voter.
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